"Le fait que la Commission doive déposer une offre a été décidé il y plus d'un an par les chefs d'Etat et de gouvernement et la date limite avait été fixée au 15 avril, ce qui fait que nous sommes plutôt en retard", a indiqué M. Fischler à l'AFP, en marge des discussions en cours à Guadalajara entre les négociateurs des deux blocs.
Le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard avait réitéré mercredi à Paris les critiques françaises sur la "tactique" de la Commission, qui ambitionne la conclusion cet automne d'un ambitieux accord de libre-échange avec les pays du cône sud de l'Amérique Latine (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) avant la fin du cycle de négociations à l'Organisation mondiale du commerce.
"Il est impossible de fixer une date pour le dépôt des offres et de dire ensuite qu'il faut attendre le résultat du cycle", a expliqué M. Fischler.
M. Fischler a par ailleurs assuré que l'offre européenne, qui couvrira 99% des échanges agricoles entre les deux zones, avait fait l'objet d'études d'impact précises et n'affecterait pas la situation des producteurs européens.
"Notre offre n'est pas tombée du ciel", a expliqué M. Fischler. "Nous avons procédé à de nombreuses études d'impact et aussi à des calculs en fonction des développement probables sur le marché".
La Commission européenne n'a pas publié les détails de son offre, dans le secteur agricole comme dans les autres domaines, mais Franz Fischler indique qu'il s'agit "de la plus large jamais déposée (par l'Union européenne) dans une négociation commerciale".
Bruxelles, précise-t-il, estime à 1,5 milliard d'euros l'augmentation du volume d'échanges agricoles qui en résultera et à 1,2 milliard les baisses de tarifs douniers dont bénéficieront les exportateurs du Mercosur.
"Au total, notre offre couvre 99% des échanges agricoles", poursuit le commissaire européen, y compris les produits "sensibles" pour lesquels l'ouverture a été calculée afin de pas perturber les marchés europées.
Ainsi pour la viande de boeuf, les quotas d'importation supplémentaires ne concernent que le "Hilton beef", la viande de très haute qualité qui répond à une demande bien spécifique, explique-t-il.
"Nous n'avons pas fait d'offre sur le sucre mais sur l'éthanol", dit-il en référence au bio-carburant fabriqué, notamment au Brésil, à partir de la canne à sucre.
L'Union européenne ayant décidé, en principe à partir de 2005, d'ajouter des bio-carburants aux produits pétroliers, "même une proportion de 2% représenterait dix fois les quantités d'éthanol que nous offrons d'acheter au Mercosur", remarque le commissaire européen. Il ajoute que les producteurs de l'UE bénéficieront également de la production d'éthanol par l'industrie européenne.
M. Fischler a souligné que l'offre européenne était bien entendu conditionnée aux concessions offertes par le Mercosur, notamment en ce qui concerne les appelations d'origine et les indications géographiques.
L'objectif, important notamment pour un bon nombre de produits français comme les vins, les spiritueux ou encore les fromages, vise à mettre fin à l'utilisation d'appellations ou de marques traditionnelles européennes par des producteurs extérieurs à leur région d'origine. |